Le
centre de nos préoccupations, dès le départ, a
été de trouver une combinaison efficace entre la théorie
et la pratique de l'architecture. La pratique, en Allemagne, manque
en effet généralement de bases théoriques, tandis
que la théorie perd très souvent le contact avec les aspects
pratiques. Par conséquent, nos projets ne semblaient jamais assez
théoriques au théoricien et beaucoup trop théoriques
au praticien ; pourtant, nous restons persuadés que notre stratégie
est très prometteuse.
Au
XXIe siècle, d'autres disciplines comme la biotechnologie ou
l'informatique influenceront radicalement notre vie, alors que l'architecture
ne semble avoir aucun impact. Seuls les architectes pensent que l'architecture
est importante. La seule particularité intéressante de
l'architecture par rapport à ces autres disciplines, est son
lien profond avec notre corps physique et l'échelle humaine.
Il est donc à espérer que tant que nous posséderons
quelque chose qui ressemble à un corps, il existera quelque chose
qui ressemblera à l'architecture. Nous avons beaucoup à
apprendre des autres disciplines scientifiques comme la biotechnologie,
l'informatique ou la chimie.
Tout
d'abord, il faut comprendre qu'il s'agit d'un problème de méthodologie.
L'essentiel n'est pas tant de contrôler le résultat de
cette actualisation que de trouver une stratégie de méthode.
Les architectes doivent conserver leur autonomie expérimentale
afin de trouver des réponses aux interrogations du futur. Par
exemple, notre bureau développe parfois un projet à travers
deux concours différents. Dans le concours pour Düsseldorf,
nous avons créé une forme de construction en utilisant
de nombreuses références contextuelles. Puis, dans un
deuxième temps, nous avons repris cette forme et y avons implanté
un programme conçu pour un concours à Stuttgart. Le bâtiment,
façonné pour Düsseldorf, est superbe sur le site
de Stuttgart. Quelqu'un construira probablement cette idée à
Séoul ou à Copenhague. Cette stratégie paraît
étrange, mais elle s'appuie sur des bases sérieuses.
Une telle méthodologie nous permet de concevoir, très
lentement, un bâtiment visionnaire, fondé sur le présent
comme donnée informationnelle.
Concevoir
la forme à Düsseldorf n'est pas une question de contextualisme.
Nous avons seulement exploité le contexte pour obtenir la forme.
Le vrai projet n'a rien à voir ni avec Düsseldorf, ni avec
Stuttgart. Toutefois, nous avons soumis notre proposition aux deux concours.
C'est très important pour notre stratégie, car cela
nous permet de tester en réel notre prototype visionnaire. Ce
prototype ira en s'améliorant et deviendra de plus en plus complexe
au fil des années.
La
première fois que nous avons inventé cette méthodologie,
nous avons choisi le prototype de construction de notre projet pour
le terminal de Yokohama pour le transformer en une école d'architecture
à Weimar. Au tout début de chaque projet, nous accordons
beaucoup d'importance à la définition d'une stratégie
conceptuelle. Parfois, nous continuons à travailler sur des projets
tels que Düsseldorf à Stuttgart ou Yokohama à Weimar.
Et parfois, nous essayons de déterminer le projet à partir
d'une technique de dessin, comme à Erfurt. La méthodologie
conceptuelle est la clé du succès de tout projet : Concevoir
le processus au lieu de concevoir le projet.
