MVRDV
a été fondé à Rotterdam, en 1991, à
l'initiative de Winy Maas, Jacob van Rijs et Nathalie de Vries. Depuis,
MVRDV construit, enseigne, publie, expose, offrant le spectacle choisi
d'une pratique qui semble s'assigner comme méthode, mais aussi
comme objectif, la conjonction, la rencontre.
MVRDV
recourt à la diversité et la revendique. Ils procèdent
par équipe, appellent auprès d'eux des compétences
variées et parfois inattendues, se jouent des cadres disciplinaires.
MVRDV systématise ainsi ses méthodes ou les délient
dans l'expérimentation, mais fait sans cesse du processus
de conception une recherche spatiale ou organisationnelle dans laquelle
ils impliquent, dès les prémisses du projet, le plus grand
nombre d'intervenants et de données. Chaque fois, les conséquences
spatiales, les limites et les possibilités d'un vaste panorama
de situations sont examinées et exposées. Les limites
rencontrées sont éprouvées par une intensification
systématique afin d'en révéler les extrêmités
: une radicalisation qui permet l'identification de ces limites,
et rend possible l'élaboration d'un discours à
leur sujet. L'extrême diversité de ces données
trouve alors une transcription pragmatique dans une matrice spatiale
faite de la superposition des diagrammes qui distribuent ces données
(datascapes).
Salué
pour ses réalisations architecturales (WoZoCos, etc...), MVRDV
est engagé aujourd'hui dans le développement de plans
d'ensemble dont ils assurent la supervision. Ils poursuivent simultanément
des recherches sans rapport direct avec des missions données,
mais dont les propositions traversent l'ensemble de leurs projets,
quel qu'en soit le domaine de conception. Ainsi revendiquent-ils
cette diversité plus largement encore lorsqu'ils appellent à
" une planification urbaine en trois dimensions " : "
remplacer la planification en deux dimensions " afin de "
générer une véritable densification ", conditionnelle,
selon eux, d'une qualité spatiale que cette " augmentation
extrême de densité " rendrait possible et qui offrirait
l'expérience d'une " simultanéité " riche
des conjonctions multiples et des rencontres qu'elle impulse, tout en
préservant l'existence compromise d'un monde où se mêlent
encore paysages champêtres et implantations urbaines. " Préserver
le paysage champêtre contre une urbanisation totale et continue
" - avenir annoncé de ce qu'il nomme la MetaCITY -
en " inversant la situation par des augmentations extrêmes
de densité ". Une proposition qui rappelle que Winy Maas
et Jacob van Rijs ont travaillé à l'Office for Metropolitan
Architecture, faisant nettement écho aux attendus d'une
" culture de la congestion " que Rem Koolhaas appelait de
ses voeux dès New York Délire. Une proposition dont ils
ont examiné les possibilités sous la forme d'une "
narration architecturale " avec FARMAX, publié en 1998,
et dont ils présentent aujourd'hui des projections avec
DATATOWN et Private KM3 - 3D City.
MVRDV
recherche ainsi la conjonction, l'érige pratiquement en système,
en formule, en doctrine (?), mais une doctrine qui exhalerait un fort
parfum de paradoxe, semblant se proposer comme méthode de n'en
pas avoir, substituant le pilotage à la conduite, préférant
les lignes produites aux lignes à suivre, dans une navigation
qui signe le goût même de MVRDV, semble-t-il, pour le déni
des assignations fixes, pour les "lignes de fuite", jusque
dans l'exercice de la langue et des "mots-valises" qui se
font "fil d'Ariane" au hasard des propositions architecturales.
