Roche, DSV & Sie.P développe depuis plusieurs années leurs recherches sur une définition "en creux" de l'identité architecturale : "Faire avec pour faire moins (making with to do less)". Au-delà de tout présupposé de la forme ou de la fonction, l'architecture doit se définir par un jeu de relations, non seulement selon une intégration contextuelle, mais aussi selon une pragmatique sociale où elle doit retrouver une valeur factuelle. Nombre des projets semblent proches de l'installation, architecture du moment s'opposant aux traditionnelles architectures de l'inscription, de la permanence. à la forme moderne et fonctionnelle, Roche, DSV & Sie.P oppose souvent une situation parasite, une non-forme faite de matériaux pauvres, forme temporaire issue d'un assemblage, trace d'une pratique humaine immédiatement lisible. La référence au nomadisme, aux constructions factuelles, bidonvilles, favelas, réfère à une culture du recyclage, du détournement, assemblages de fortune où l'architecture se définit dans une proximité empirique à l'usage, à la fonction. Les propositions de Roche, DSV & Sie.P confrontent un contexte, qu'il soit urbain et rationalisé ou même naturel, avec son envers, une part négative qu'il faut réactiver afin de donner une dynamique à l'architecture. Ainsi le projet de Musée-Mémorial à Soweto, le projet Sainte-Rose ou encore le projet du Maïdo, à l'Ile de la Réunion, dont l'identité semble imprécise jusqu'à devenir totalement virtuelle avec ce bloc invisible, cette coupe rectangulaire qui crée la clairière artificielle du FRAC de la Réunion, redistribuant les locaux fonctionnels en lisière de forêt. L'architecture de Roche, DSV & Sie.P est une architecture de la dérive, elle s'écarte de tout positivisme de la construction, elle problématise les moyens, les techniques, le langage d'une ingénierie qui semble avoir totalement figé le rôle de la maîtrise d'œuvre. L'architecte y retrouve un rôle premier, il assemble, donne une cohésion, il révèle, il accomplit une demande qu'il est capable de redéfinir, de recontextualiser. L'architecture de Roche, DSV & Sie.P entend ainsi participer à son environnement dans un double mouvement de mimésis comme méthode d'invention, et de recyclage, d'extraction et de transformation, ne s'érigeant pas sur un sol, mais à l'intérieur d'une expérience critique qui opère une mutation des paramètres contextuels. Une expérience critique que Roche, DSV & Sie.P mène aujourd'hui avec de nouvelles technologies telles que le "morphing" afin de s'ouvrir à des champs d'investigation propres à introduire de nouveaux paramètres et susciter "des scénarios de distorsion, de substitution, d'hybridation, de clonage, de greffe, de scarification". Ainsi Acqua Alta, ce projet à Venise qui entend "capitaliser l'identité lagunaire" et qui énonce des processus de "sédimentation, d'hybridation" où "les fonctions se déroulent en entrecroisements multiples, filandreux, comme un balai de méduse de PVC, à la transparence trouble et épaisse" (F. Roche).
