"Instances
d'espace",
instance de l'espace, c'est tout d'abord une question d'identité
que pose Michele Saee en cherchant à définir une architecture
qui se refuse à être l'application d'un ordre, d'un modèle.
Instances, chaque construction est un cas, elle est circonstanciée,
elle organise une nouvelle singularité, une unité qui
prends corps, selon des connexions sans cesse renouvelées. Le
monde n'est plus un système clos, maîtrisable dans son
extension, l'oeuvre de l'architecte doit alors entrer dans une crise
d'identité, ni objet, ni principe d'organisation. L'architectonique
retrouve ses droits, l'architecte ordonnant des liens, des interactions,
l'unité de chaque projet n'apparaissant qu'en dernier resssort.
Toute l'architecture de Michele Saee induit une crise des identités
constituées, que ce soit celle de la forme, de la notion de plan,
de surface, d'habiter, mais aussi de l'identité close du projet,
des méthodes de constructions, de l'ingénierie. L'architecture
ne peut plus se tenir à un système fermé. La détermination
unilatérale du site, du programme, de l'objet architectural,
élaborent une architecture de la séparation, de l'exclusion.
C'est l'espace du modernisme, l'espace des tables rases disponible pour
une fondation unilatérale qui semble directement mis à
mal, sans pour cela réaffirmer une vision historique, celle d'un
postmodernisme avéré ou celle prônant la réévaluation
d'une culture populaire. L'architecture de Michele Saee a aussi une
forte dimension temporelle, elle répond à une tradition
californienne de l'urgence, de l'abri, culture de l'assemblage, de l'installation,
architecture factuelle, de l'"instant", portée par
la nécessite du temps. L'instance s'oppose à toutes les
métaphores de la fondation , elle est une sollicitation permanente,
un procès ouvert. Elle pose une question d'origine sur la géométrie,
sur les déterminations permanentes du plan, de la boîte,
contraintes des séparations, de la distribution, sur le retour
vers d'hypothétiques modèles historiques, classiques ou
vernaculaires, sur une logique du projet qui voudrait distinguer le
langage de l'architecte et celui de l'ingénieur, séparer
le monde de la technique et celui du projet. Michele Saee instruit une
véritable architecture de l'urgence , une architecture sans délai
qui n'élabore plus de distinction entre la conception et la construction,
une architecture ou l'instanciation à une fonction générique,
capacité à mobiliser les dimensions, symboliques, pratiques,
sociales ou techniques, d'un projet pour l'ériger en un événement
toujours exemplaire, édification d'un prototype original qui
réinvente ses moyens, sa syntaxe.
Pour
Saee, construire reste un process ouvert, c'est définir un gabarit,
un possible, un motif qui devra se recomposer pour chaque projet. Les
éléments qui s'assemblent constituent une disposition
unique ou l'espace est en instance, est "instancié".
Pour le dire comme Michele Saee: "the building is the template."