Actar Arquitectura

| Manuel Gausa (*1959) | Oleguer Gelpi (*1964) | Ignasi Pérez Arnal (*1965) | Florence Raveau (*1965) | Marc Aureli Santos (*1960)

 

Antitypes

Pendant longtemps, l'architecture s'est employée à dessiner des objets. Aujourd'hui, c'est de relations dont elle doit s'occuper. Elle doit projeter non des formes univoques (compositions) mais des "contrats" pluriels entre lieux et événements (dispositions). Ces dispositions proposent à la fois des combinaisons ou des distributions dans l'espace, mais aussi des logiques flexibles . (…). Leur efficacité réside dans le bon dessin de leur système opératoire : la logique particulière de relation et de combinaison interne ; l'articulation ou l'infrastructure ; le mécanisme d'échange et de relation "glocale" (entre des intérêts individuels - locaux - et des objectifs combinés - globaux). Ce contrat, parfois "contre-nature", hybride, susceptible de rassembler dans un même projet des codes de formation divers, renvoie, en fait, à la propre désunion entre les parties du projet et la ville contemporaine : macles, boutures, greffes, accouplements, en sont des manifestations récentes - anticompositives - qui traduisent des ordres indisciplinés, impurs et indéterminés et des formes "excentriques"(non-centrées mais aussi extrêmes et expéditives, quasi spontanées) en continuité avec l'interprétation particulière d'un espace, celui de la Metapolis actuelle, ne pouvant être efficacement représentée que par la superposition mutable, opportuniste et sans préjugé de nappes et de réseaux, divers et différenciés (comme c'est le cas dans les lectures scanner ou dans les cartes SIG). Ces contrats sont, en quelque sorte, des "antitypes", associés à des scenarii définitivement dénués de typification formelle ; des antitypes, dans lesquels, comme dans le monde contemporain, se croisent des nappes diverses de mouvements, d'actions et d'activités, non plus sous la forme de corps harmoniques et cohérents mais de paysages simultanés où cohabitent des structures, des formes et des identités "commensales". C'est ainsi que nous aimons voir ACTAR : comme un étrange antitype ; un projet singulier né de la volonté de rassembler des personnalités, des vocations et des champs d'activités apparemment divers mais connectés : projet architectonique et projet éditorial ; création et diffusion ; action prospective et regard critique. Dichotomies similaires à d'autres traditionnellement associées à la définition de ville et de l'espace contemporains (artificiel/naturel, urbain/territorial, public/privé, figure/fond, plein/vide) ; dichotomies qui en ont soudain dissout les strictes limites pour laisser place à des binômes nouveaux et opérants. Réalités mixtes générées à partir d'associations, de transversalités et de connexions inespérées : des LINKS. C'est précisément cette volonté de liaison (linkage) qui justifie et articule l'identité et l'activité hybrides d'ACTAR, tournées vers l'interprétation et le traitement d'un espace complexe, sujet à de nouvelles conditions phénoménologiques et techniques : clés d'un environnement particulier et des nouvelles échelles des processus qui s'y devinent ; clés des manifestations culturelles d'un scénario définitivement métropolitain (global) mais sensible aussi aux intérêts du particulier, du singulier, du subjectif (local) ; clés ouvrant à d'autres types de dispositifs basés sur des logiques directes - désinhibées - plus que sur des préfigurations orthodoxes, sur la revalorisation des situations plus que sur leur dessin, sur la génération de stratégies (capables d'assumer la complexité), plus que vers l'élaboration de constructions.

Manuel Gausa

 

 

Immeuble M'House

Nantes, France, 1997-2000

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Ce projet se présente comme un "menu" de modules interchangeables. Déclinant une trame de 0,90 x 4,50 mètres au sol et de 2,80 mètres de haut, ces modules découlent d'une coupe structurelle fixe, étudiée pour permettre leur montage latéral et vertical, et l'incorporation ultérieure d'éléments de planchers, de façade et de cloisonnement de différentes matières, textures et couleurs. Combinables par juxtaposition et superposition, ils proposent un nombre illimité de configurations à partir de la variation d'un nombre limité d'espaces-types et d'éléments techniques flexibles (accumulateurs, murs équipés, circulations verticales, …). La forme de ce bâtiment "à la carte" ne repose pas seulement sur le choix de la couleur ou de la sérigraphie extérieure mais sur le dessin singulier et personnalisé du type. Le thème de la "maison sur catalogue" repose ici sur une relation entre industrie et design, destinée à favoriser des systèmes bon marché, rapides et simples, des solutions techniques à la fois précises et ouvertes. Cette construction, toujours réversible, établit un "contrat" implicitement temporel avec le paysage.  

 

Barcelona Land Grid

Barcelone, Espagne, 1996-1999

 
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Ce travail d'investigation territoriale a été présenté dans le cadre de l'exposition "1856-1999 : Barcelona Contemporània" au Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, en 1995. Il entendait dresser une cartographie active et opérante de la région métropolitaine - et même "métapolitaine" - de Barcelone, une lecture de la réalité polynucléaire dans laquelle elle s'inscrit aujourd'hui. Basée sur l'idée d'une maille flexible, elle révèle la présence d'une grille infrastructurelle et paysagère, intimement liée à la géographie et articulant le territoire. À la fois description et projet, ce "land grid", une fois identifié, peut devenir, selon Actar, le support d'une stratégie de restructuration urbaine et territoriale qui prenne en compte la complexité des situations, des processus et des conditions particulières à la métropole contemporaine : mouvements, relations et interconnexions mais aussi rapports différentiels entre ville et nature, entre espaces colonisés et espaces préservés, entre global et local.

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70 logements au Mont Hacho

Ceuta, Espagne, 1998

 



Ce projet de logements, accroché aux pentes du Mont Hacho, amphithéâtre naturel face à la Méditerranée, a été conçu dans le cadre de l'Europan 1999 dont il a été finaliste. Actar, à travers une transposition expérimentale de la narration littéraire dans l'architecture, se proposait de "raconter" une multitude d'histoires particulières dans une même trame cohérente : un paysage de terrasses, de surfaces, de couleurs, de textures et même de points de vue multiples. Chaque logement est conçu à partir d'un module carré de 4 x 4 m - correspondant à l'optimisation des critères de préfabrication industrielle - et d'un "mur de service" semi-équipé. Celui-ci, contenant baignoires, lavabos, W.C., placards, modules de cuisine, plans de travail et même escaliers, fonctionne comme une épine dorsale le long de laquelle peuvent se produire toutes les variations distributives et typologiques. Ce dispositif doit permettre une adaptation souple et programmée aux histoires individuelles des habitants.


 

Place Picasso

Montornés de Vallès
Barcelone, espagne,
1998-2000

L'enjeu de ce projet est de transformer un grand vide résiduel et irrégulier, au centre de Montornés de Vallès, en une place publique, en un véritable espace "relationnel". Plus qu'un dessin unitaire et totalisant, Actar veut ici développer un système ouvert, capable d'articuler la diversité : non seulement organiser un espace mais révéler son statut potentiel de "lieu de lieux". Le projet se présente comme le croisement d'un système longitudinal de bandes "typologiques" - une rue, une place, un passage, un bosquet, un chemin - et d'un système transversal de trames fonctionnelles - une esplanade pour les activités collectives, un terrain de jeux, un bassin et sa plage, des clairières et des cratères pour les activités plus individuelles. Cette interférence se manifeste par une intervention quasi calligraphique sur le sol, c'est-à-dire par des traitements différenciés de ses couleurs, de ses textures et de ses matériaux, accompagnant les gradations entre l'agitation de l'espace urbain et l'intériorité du bosquet.

 

 

Actar Arquitectura

Manuel Gausa (1959)
1986 - Ecole Technique Supérieure d'Architecture de Barcelone

Oleguer Gelpi (1964)
1998 - Ecole Technique Supérieure d'Architecture de Barcelone

Ignasi Pérez Arnal (1965)
1992 - Ecole Technique Supérieure d'Architecture de Barcelone

Florence Raveau (1965)
1991 – Ecole d'Architecture de Paris la Défense

Marc Aureli Santos (1960)
1986 - Ecole Technique Supérieure d'Architecture de Barcelone
1994 – Création d'Actar à Barcelone

Principaux projets et réalisations

2000 – "M'House" 5 maisons, Nantes, France (projet)
2000 / 1999 – "Habitat collectif, Torrelles de Llobregat" Barcelone ; Restaurant "La Masia" Molins de Rei, Barcelone ; "Place Picasso" Montornés del Vallès, Barcelone (projet)
1999 – "Maison individuelle" Vallirana, Barcelone ; "Graz Maribor project" consultant invité
1999 / 1998 – "Ceuta" logements, Concours Europan, (prix spécial)
1998 – Commissariat de "Metapolis-01, 21 propositions pour la nouvelle Barcelone" ; "Barcelona land grid" ; "Place Alfaro" Murcia (concours)
1996 – "Nodes proposal of preparks of perimetral activities" Collserola natural park, Barcelone
1994 – "Parc Bit" Mallorca (lauréat)
1993 – "Concours Europan" 34 logements, Madrid (mentionné)

Publications récentes d'Actar

1999 – "In-Ex 01" éditions Birkhaüser verlag – In-Ex projects, Paris / Berlin ; "Single housing" éditions Actar / Birkhaüser verlag, Barcelone / Berlin ; "Punto de encuentro – Teffpunkt Zürich" catalogue de l'exposition Architektur Forum, Zürich ; "Wohnlandschaften" Werk, Bauen+Wohnen (1/2), Zürich ; "Housing : More for less" Dau 7, Barcelone ; "Territorio vibratil : reconocimiento en clave de accion" Bau 14, Madrid
1998 – "Metápolis" 25 propositions par 21 équipes, catalogue du Festival de ideas para la futura multiciudad, éditions Actar, Barcelone ; "Actar : Links" Transversal (n°6) Barcelone
1997 – "Housing new alternatives, new systems", éditions Actar, Barcelone