Archi-Tectonics
Winka Dubbeldam (*1960)
ARCHITECTURES TRANS-FORMELLES : GLOBULES, TEXTURES ET TRACES
G1 — GLOBULES : Formes-objets ou individuations spatio-temporelles, événements corporels à qualités matérielles spécifiques, surfaces quasiment lisses et bords vaguement définis. (Globule : boule ou globe minuscule, par exemple une goutte de liquide. Globoïde : en forme de globe ou de boule).
T1 - TEXTURES : Système auto-similaire où le micro informe et ressemble au macro. (Texture : étoffe tissée, arrangement des particules ou éléments constitutifs de tout tissu).
T2 — TRACES : Formes "phoronomiques", configurations issues de tracés à perfection progressive, à partir desquels de nouvelles constructions se développent (-phore : élément de mot signifiant porteur, producteur).
Dans le processus actuel de rapide globalisation, l'architecture est lentement entraînée dans la turbulente fluctuation des conditions urbaines en mutation - conditions qui ne sont plus définies par l'urbanisme local mais par les forces croissantes d'économies mondiales, les modèles d'immigration et les infrastructures de communication électronique. Cette mondialisation de notre cadre de vie est en train de créer des stimuli intérieurs/extérieurs, exigeant un mécanisme de réponse complexe afin d'accommoder/intégrer ces changements culturels. La réalisation de cette complexité, avec ses systèmes feuilletés appelant déjà à un nouvel ordre spatial, se manifeste dans des démarches qui questionnent la science pour découvrir comment résoudre/comprendre cette existence mondiale ; l'architecture a pour rôle d'identifier cette globalité en abstrayant ses nombreux systèmes et en les transformant en des constructions spatiales. Grâce au lien maintenant très étroit entre technologies de l'information et environnement bâti, les architectes sont devenus les traducteurs de cette information. Pour l'architecture, l'étude de sciences telles que la philosophie, les mathématiques ou la microphysique va revêtir une importance capitale, donnant lieu à la transformation d'une approche mécaniste en une approche "organismique" axée sur les processus. Un changement d'orientation s'est produit ; il a débuté dans le domaine de la science avec la théorie de la relativité, suivie de la théorie des quanta et de la théorie des systèmes. Cette approche organismique décrit la notion selon laquelle un organisme est caractérisé par ses modèles immanents d'organisation. Ceci est similaire à la notion d'esprit également décrite par Leibniz sous le terme de monade et par Hegel sous celui de "Begriff" ou Idée absolue. Ces phénomènes se produisent à tous les niveaux : aussi bien dans la société et les processus comportementaux que dans la nature. La question qui se pose souvent - cela bouge-t-il ? - est une expression du mode de pensée mécaniste encore répandu aujourd'hui ; l'approche organismique est axée sur le processus ; elle développe un espace comme travaillerait un scientifique - elle est basée sur la recherche : les forces mondiales actuelles vont définir le comportement du système (textures urbaines) et vont finalement distiller le résultat (archi-tectures) - pas en mouvement mais mû - pas une machine (la machine à habiter de Le Corbusier) mais une recherche qui aboutit à un ensemble de paramètres, tracés afin de refléter le comportement complexe des forces urbaines, l'élasticité programmatique et les strates multiples des architectures modernes d'aujourd'hui.
Winka Dubbeldam
