Kolatan / Mac Donald studio
| Sulan Kolatan (*1956) | William J. Mac Donald (*1958)
Un des paradigmes spatiaux émergents est celui du réseau comme système d'interrelations entre processus de dispersion et structures agrégatives qui façonnent de nouveaux modèles et protocoles spatiaux. De quelle manière cette logique de réseau influe-t-elle sur l'espace et sa construction? Notre travail est tout particulièrement axé sur la capacité du modèle de réseau à faciliter des associations entre catégories et échelles grâce à laquelle les systèmes/morphologies initiaux ne soient pas simplement interconnectés mais forment de nouvelles identités hybrides. Ce qui différencie cette nouvelle génération d'hybrides chimériques des modèles mécanistes antérieures réside dans l'acte de transformation. Ces nouveaux systèmes ne sont pas déterminés et ne peuvent être compris par la seule extrapolation logique des éléments initiaux. Ils sont hybrides mais conservent néanmoins une continuité homogène et inextricable. Le "co-citation mapping" et la"chimera"sont deux modèles spécifiques de réseau et d'hybride."Co-citation mapping"(carte de co-référence) est une technique d'indexation électronique et de recherche documentaire. En tant qu'index elle fonctionne sur un principe similaire à toute recherche documentaire basée sur un mot-clé, en listant toutes les travaux associés au même mot-clé. Elle révèle ainsi des liens conceptuels cachés entre différentes disciplines comme les lettres et les sciences par exemple. De façon intéressante, le niveau ultérieur d'organisation se manifeste sous la forme d'une carte, une description géographique du savoir relationnel. Ces cartes n'ont pas de repère absolu. Leur organisation spatiale est basée sur des hiérarchies en devenir permanent subordonnées à la fréquence de citation et donc susceptibles d'évoluer avec le temps."Chimera" (la chimère) est le nom d'un monstre mythologique - "l'hybride suprême" - à tête de lion, corps de chèvre et queue de dragon. La chimère diffère essentiellement des autres formes de systèmes hybrides comme le collage, le montage ou la prothèse. Alors que ces derniers sont également des systèmes dans lesquels les diverses parties fonctionnent ensemble, ces parties ne libèrent jamais leur identité individuelle. Le chimérique nous offre deux principaux centres d'intérêt. Le premier est lié à son apparente capacité, comme concept, à définir des phénomènes existants d'hybridité relativement complexe où des systèmes fondamentalement différents fonctionnent pour une raison ou pour une autre comme une identité unique. Le second est basé sur l'hypothèse que les manières dont sont constituées et fonctionnent les chimères définissent un modèle agrégatif de construction/production basé sur la transformation. Il s'agit, en d'autres termes, d'une agrégation qui devient plus que la seule somme de ses parties et qui, par conséquent, ne peut se réduire à ses éléments constitutifs. Le chimérique a ainsi la possibilité d'être un outil à la fois analytique et méthodologique. En association, les deux modèles offrent la possibilité d'associer des opérations de dispersion/agrégation à des opérations de transformatrion où l'analogie co-référente ("co-citation") identifie des similarités entre des sites, des structures et des programmes sans rapport entre eux et l'analogie chimérique utilise ces similarités initiales pour construire des sites, des structures et des programmes nouveaux. Alors que les catégories existantes peuvent perdre de leur utilité, le paradigme du réseau/chimera à potentiellement la capacité d'ouvrir la voie à une gamme entièrement nouvelle de structures jusque-là inimaginables et pour lesquelles il n'existe pas encore de nom.
