Parmi les jeunes agences hollandaises, Maxwan est de celles qui réactualisent avec le plus d'ampleur et d'enthousiasme le slogan formulé par Rem Koolhaas et Ed Taverne lors de la décennie précédente : BIGNESS. Le nom même de l'agence de Rotterdam semble, d'ailleurs, en être une référence directe et superlative. Rients Dijkstra et Rianne Makkink fondent Maxwan en 1994, pour répondre à une commande qui déjà comportait une certaine démesure : le schéma directeur de Leidsche Rijn, une ville nouvelle, en extension d'Utrecht, qui devrait accueillir 30 000 logements d'ici 2015. Ce projet urbain, le plus important qui soit à l'œuvre actuellement en Hollande, n'est cependant pas isolé. Le contexte de la construction est en effet largement déterminé et conditionné dans ce pays par les conclusions radicales du IVème rapport sur l'aménagement du territoire, le fameux VINEX. Prophétisant une augmentation de 3 millions de la population avant 2010, cette étude prospective préconise le doublement des grandes villes et la construction de 1 100 000 logements d'ici 2015. Ce programme, par son échelle et son ampleur, est sans précédent depuis la reconstruction des désastres de la deuxième guerre mondiale. Il devrait avoir des conséquences considérables sur le paysage urbain et suburbain des Pays-Bas. Mais c'est d'abord sur les mentalités, et en particulier sur celles des architectes et des acteurs de la construction qu'il agit. Le travail de Maxwan est représentatif des défis et des problématiques soulevés par cette situation. Il s'agit, avant tout de réinventer des procédures et des stratégies de projet à la hauteur des enjeux et en même temps en rupture avec certaines impasses de la pensée urbanistique du XXème siècle. Pour le plan de Leidsche Rijn, qu'ils ont élaboré en collaboration avec l'agence Crimson, les architectes de Maxwan se sont entourés d'outils et de concepts plus proches de la géo-économie que de l'urbanisme. Partant du constat que 70% des logements VINEX seront financés par de l'argent privé, ils ont basé leur approche sur les logiques propres aux marchés financiers et notamment sur l'idée "d'orgware" (organisational ware). Ce néologisme emprunté aux sciences économiques désigne l'ensemble des facteurs politiques, législatifs, administratifs qui conditionnent à la fois la mise en œuvre des idées (software) et la construction des éléments physiques (hardware). Comme un paysage invisible, l'orgware fonctionne comme un champ de possible, une véritable topographie d'opportunités et de contraintes, parfois plus déterminante que la topographie physique elle-même. L'intégration de cette multiplicité de facteurs et de critères quantitatifs, que Maxwan a abondamment cartographiés, conduit à une forme de "soft urbanism", réaliste, opportuniste et flexible. Le projet ne découle plus d'un modèle politique ou philosophique, mais il s'adapte à la logique fluctuante du marché comme instance organique. L'architecture de Maxwan ne peut se penser en dehors de cette réflexion métropolitaine. Sa forme n'est pas une fin en soi mais elle sert les stratégies virtuelles du orgware et vient en réaliser ponctuellement les opportunités de manière souvent spectaculaire.
Max.21,
(Dutch Density)
Utrecht, Hollande, 1997
