Shuhei Endo

| Shuhei Endo (*1960)

Architecture paramoderne

L'architecte d'aujourd'hui cherche en tâtonnant une architecture para-moderne plausible qui puisse offrir de nouvelles possibilités en tirant le meilleur parti de l'architecture moderniste et de son effet saisissant tout en dépassant ses limites auto-imposées résultant de la poursuite d'une uniformité à outrance. Dans le modernisme, les architectes ont décomposé l'architecture en éléments constitutifs, tels le poteau, la poutre, la toiture et le mur, pour les assembler à nouveau. Les limites inhérentes à ce type de "composition" peuvent être considérées comme la raison principale pour laquelle jamais le modernisme en architecture ne s'est construit de personnalité réellement riche. Ainsi, l'architecture s'essaie-t-elle aujourd'hui à des méthodes de non-composition de deux types. Le premier est basé sur la remise en question d'une prémisse fondamentale de l'architecture, à savoir la séparation totale entre intérieur et extérieur. Pour utiliser un néologisme, on a appelé "Halftecture" ce type d'architecture développant des espaces ouverts. Dans le deuxième type, des espaces architecturaux sont créés avec un seul élément, des bandes continues en métal recouvrant à la fois toiture et mur, et non avec des éléments de composition obtenus en décomposant l'architecture en éléments constitutifs. Dans la même veine, on a appelé "Rooftecture" ce type d'architecture. Ces bâtiments sont des exemples illustrant concrètement les potentialités de l'architecture paramoderne. Ce concept a été mis en pratique dans des petits bâtiments comme des abris à bicyclettes, des toilettes publiques et une gare sans personnel. Ces "Halftecture" enveloppant des espaces incertains ont été réalisés avec de simples plaques de tôle ondulée continues. Ce matériau est un produit industriel fait de plaques d'acier auxquelles on donne une forme ondulée. Ces plaques ont une grande résistance et sont durables et recyclables grâce à leur surface galvanisée. Elles sont parfaitement adaptées à l'assemblage sur sites, avec boulons et écrous, puisqu'elles sont fabriquées sous forme de plaques de taille standard. Dans "Halftecture", intérieur et extérieur sont inversés et espaces intérieurs et extérieurs sont réunis par des bandes continues d'acier, créant ainsi des espaces paramodernes. En tentant de créer des espaces ouverts, on découvrit, avec "Halftecture", la possibilité d'utiliser des bandes d'acier comme matériau de construction. Poussant l'utilisation de ces bandes un peu plus loin, où toiture et murs sont recouverts de bandes continues de tôle, "Rooftecture" est née. C'est ainsi que "Rooftecture" fait référence à cette règle architectonique par laquelle des bandes continues de toiture/mur sont identifiées comme moyen unique de création d'espaces architecturaux. L'utilisation de ces bandes correspond à la tentative de créer des espaces changeants sans toutefois être limité à propager davantage d'espaces monotones. D'autres possibilités de ce type d'architecture sont actuellement à l'étude.

Shuhei Endo

shuhei endo

 

Springtecture H
Singu-cho, Hyogo, Japon, 1998

shuhei endo

Les toilettes publiques doivent pourvoir à la commodité qui repose sur l'accessibilité et l'intimité, dérivant du clos. L'accessibilité est essentiellement la possibilité d'un passage. L'édifice, en fait, est une spirale indépendante de tôles que modèle un portique partiellement engravé. Le parti de cette installation est de créer, à la faveur de la continuité des tôles ondulées, un lien entre l'ouvert et le clos. Les murs intérieurs font office de plafonds et de planchers extérieurs qui se prolongent en murs et toitures extérieurs pour redevenir des éléments intérieurs. L'intérieur et l'extérieur développent un enchaînement de variations qui remet en question les normes architecturales auxquelles l'observateur s'attend et propose une forme architecturale de nature différente. Cette installation constitue une modeste tentative vers une architecture nouvelle concrétisée par l'interaction continue entre l'intérieur et l'extérieur et l'effet résultant de la confusion partielle des toitures, des planchers et des murs.

shuhei endoshuhei endoshuhei endoshuhei endo

 

Springtecture A
Aomori, Japon, concours, 2000

shuhei endo
shuhei endo

Ce projet a été conçu à l'occasion d'un concours pour la réalisation d'un musée d'art dans le nord-est du Japon. Cette proposition visait à diffuser, comme l'avait initié "Springtecture H", une architecture caractérisée, en dépit de son allure changeante, par sa régularité géométrique. Les exigences architecturales du musée comprenaient toute une gamme de fonctions et d'espaces satisfaite ici par la mise en œuvre de bandes de tôle d'acier reliées entre elles pour former des surfaces courbes et continues. Ces tôles s'enroulent et rassemblent tous les espaces intérieurs et extérieurs en un ensemble changeant. Dans ce projet, cinq bandes continues s'intègrent à une structure composite afin de créer les espaces requis en plan et en coupe. Sur le plan structurel, il s'agit d'une structure plane constituée de panneaux courbes en béton prémoulé et assemblés en continu. Ce projet briguait la création d'une architecture riche et polyvalente dotée d'une régularité géométrique sans pour autant être monotone et ennuyeuse.

 

 

Rooftecture W (Wipo Project)
(Organisation mondiale de la propriété intellectuelle)
Genève, Suisse, concours, 2000

shuhei endo
shuhei endo

shuhei endo

Ce projet fut proposé lors de la participation à un concours pour l'extension du siège social de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle à Genève. Le cahier des charges architectural de ce projet complexe prévoyait des parkings souterrains, un grand centre de conférences et des bureaux. La principale caractéristique du projet réside dans l'expression des relations complémentaires entre l'architecture et l'activité de ses utilisateurs. Un système structurel s'inspirant de la structure de l'ADN fut proposé comme structure appropriée à l'OMPI. Les potentialités de l'humanité résidant dans la polyvalence des cultures et de leurs échanges, celles-ci ont été assimilées, ici, aux possibilités offertes par la régularité et la polyvalence de l'ADN que partagent tous les êtres vivants. Dans cette perspective, deux éléments architecturaux furent proposés : un système structurel régulier capable de générer une grande variété de formes et la multitude d'espaces générée par ce système, emplis d'autant de variété de lumière et de vent mis à l'abri d'une vaste toiture.

 

Shuhei Endo (1960)

1986 — Master's degree, Kyoto University of Art
1988 — Création du Shuhei Endo Architect Institute
1998 — Japan Federation of Architects & Building Engineers Association Award ; Marble Architectural Award ; East Asia Grand Prix, Italie

Enseignement

2000 /1988 — Kinki University, Kobe ; Design School et Fukui Institute of Technology

Principaux projets et réalisations

2000 — "S Complex" Shiga (projet) ; "Springtecture A/Aomori project" Musée d'art, Aomori, Japon (concours) ; "Rooftecture W/Wipo project" Extension du siège social de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, Genève, Suisse (concours)
1999 — "Rooftecture H" Hyogo (réalisé) ; "Rooftecture Y" Hyogo (projet) ; "Rooftecture M" Tokyo (projet)
1998 — "Rooftecture O" Lieu de culte Shinto, Fukui (réalisé) ; "Rooftecture N" Entrepôts et bureaux, Hyogo (réalisé) ; "Springtecture H" Toilettes publiques, Hyogo (réalisé)
1997 — "Transtation O" Abri à bicyclettes, Fukui (réalisé) ; "Halftecture F" Fukui (réalisé) ; "Rooftecture T" Fukui (réalisé)
1996 — "Healtecture K" Résidence familiale et bureaux, Osaka (réalisé) ; "Skintecture I" Coopérative de pêche, Hyogo (réalisé)
1995 — "Maison O" Kyoto (réalisée)
1994 — "Cyclestation M" Abri à bicyclettes, Shiga (réalisé)
1990 — "3d Factory" Shiga (réalisé)
1988 — "Maison U" Osaka (réalisé)

Expositions récentes

1999 — "GA House Project 1999" Tokyo
1998 — "The Possibility of Architecture 98" Osaka
1997 — "GA House Project 1997" Tokyo ; "The Possibility of Architecture 97" Osaka

Principale publication de Shuhei Endo

1999 — "Shuhei Endo" GG Portfolio, éditions Gustavo Gili, Barcelone, Espagne

Bibliographie sélective

1999 — AJ (déc.) G.B. ; AA (nov/déc) G.B. ; AD (mars/avr.) G.B. ; Space (mars) Corée ; The Architectural Map of Osaka/Kobe, Toto Shuppan, Japon
1998 — AR (oct.) ; AJ (avr.) G.B., Marble Architectural Awards'98, East Asia Grand Prix, Italie
1997 — AR (avr.) G.B. ; Wallpaper (sept/oct.)