Snøhetta

| Craig Dykers (*1961)| Christoph Kapeller (*1956) | Kjetil T. Thorsen (*1958)

 

 

Snøhetta est le nom d'une haute montagne culminant au centre de la Norvège. Dans les légendes vikings, on raconte qu'elle était le lieu de repos des âmes des plus valeureux guerriers, la demeure de "Valhalla". Snøhetta est le nom que Craig Dykers, Christoph Kapeller et Kjetil T. Thorsen ont choisi pour désigner leur agence d'architecture , de paysagisme et de design. Une montagne constitue, pour eux, une forme complexe, tout à la fois paysage, objet quasi architectural et, dans ce cas précis, puissant support symbolique ; une forme qui synthétise finalement leur approche de l'architecture : une démarche continue et étendue qui entend, sans clivage disciplinaire, opérer non pas sur des objets mais sur des environnements, dans toutes leurs dimensions. Cette démarche repose avant tout sur une recherche de conjonction entre les différents acteurs de la construction, et principalement, au sein de l'agence, entre architectes et paysagistes. Le paysage ne se réduit pas, pour Snøhetta, au simple tapis de verdure domestiquée auquel on le limite d'habitude. Snøhetta en développe une définition étendue et inclusive. Toute chose fait partie et même constitue un paysage. Le corps lui-même en est une forme. L'architecture entre "naturellement" dans cette définition. Minimaliste, hyper-contextuelle, l'architecture de Snøhetta cherche toujours à s'effacer devant les raisons du site, à servir la lisibilité et la cohérence de son environnement. Fondée en 1987 à Oslo, l'agence Snøhetta débute sa pratique par le projet de la nouvelle Bibliothèque Alexandrine, dont elle remporte le concours. Aujourd'hui, à l'issue d'un long chantier, le bâtiment s'achève, clôturant une phase très productive, pour l'équipe norvégienne, auteur de nombreux projets et réalisations dans le domaine de l'architecture institutionnelle (musées, bibliothèques, équipements, …). Cette phase est aussi celle de l'élaboration et de la maturation d'une méthode et d'une organisation du travail. L'équipe de Snøhetta a définitivement rejeté le classique fonctionnement vertical des agences d'architecture, où celui ou ceux qui imposent les idées, au sommet de la pyramide, sont les plus éloignés des réalités et des détails du projet. Cette verticalité, vecteur de perte de temps et d'efficacité, se retrouve, selon eux dans la gestion et dans l'utilisation des bâtiments, une fois réalisés. Snøhetta a radicalement opté pour une pratique horizontale et transdisciplinaire, recentrée sur le projet. Pour cela, ils ont, par exemple, mis au point un système informatique où tous les documents et toutes les données relatives à un projet sont centralisées dans un fichier internet unique, un hyper-fichier ("hyperfile"). L'accès à cet hyper-fichier, universel et commun à tous, oblige à une organisation horizontale du travail où chaque personne peut intervenir en direct sur le projet. Jouant le rôle d'une sorte de journal systématiquement réactualisé et daté, l'hyper-fichier" suit le projet dans ses évolutions temporelles. Il permet aussi de ne jamais séparer la réflexion sur la technique, la construction et les paramètres purement architecturaux. Cette quête d'efficacité, de souplesse et de professionalisme, l'équipe de Snøhetta la met au service d'une architecture sensible, signifiante, presque métaphysique, intégrant les éléments les plus immatériels et les plus fluctuants du réel : le temps qui passe, le temps qu'il fait, la lumière, les saisons, le mouvement.

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Bibliothèque Alexandrine
Alexandrie, égypte, en cours d'achèvement


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La principale caractéristique de la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie est sa forme inclinée et circulaire qu'embrasse un mur de pierres massives s'élevant du sol pour atteindre 32 m. Les 5 500m2 de granit sont taillés à la main et portent des inscriptions et symboles historiques et contemporains. Le toit de l'immeuble est une structure "nid d'abeille" en aluminium (maille 9x14m) qui permet à l'espace intérieur de s'ouvrir à la lumière septentrionale et sur la mer Méditerranée. Le principal événement de cet intérieur est une très grande pièce, similaire aux grandes salles des bibliothèques d'antan, qui révèle la forme de l'immeuble dans l'espace de lecture lequel est agencé de manière originale le long de terrasses qui dissimulent les livres destinés à un public restreint fournissant ainsi un nouveau standard d'agencement pour les bibliothèques publiques. Ces terrasses offrent une vue dégagée aux lecteurs et une séparation entre les différents départements de la bibliothèque. On peut y accéder par des escaliers et des ascenseurs depuis l'axe principal de l'immeuble. Cet axe permet également de séparer dans l'édifice les déplacements du personnel et du public.

 

Lillehammer Olympic Art Museum
Lillehammer, Norvège, 1993

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Pour les Jeux Olympiques d'Hiver de 1994 à Lillehammer, le Comité Olympique Norvégien a collaboré avec le Musée d'Art de Lillehammer afin de construire une extension au musée existant. Situé dans le centre de cette petite ville de campagne, le projet devait être un élément majeur montrant à la fois force et sensibilité tout en établissant une interaction dynamique avec le style brutaliste de la structure originelle en béton. Le trait majeur de ce projet est sa forme inclinée, ondulée et lisse qui fait face à la place principale de la ville. Ce mur de bois courbé et incliné délimite les trois principaux espaces de la galerie et propose une nouvelle interprétation de l'approche traditionnelle de l'art. Les peintures sont posées sur une surface plane inclinée vers le spectateur, les reflets sont réduits au minimum et le confort physique est privilégié. La courbe élégante du mur est encore davantage mise en valeur par la présence sur son chant de lumière naturelle, ce qui crée une séparation visuelle par rapport au plafond. Constrastant avec la frontalité sculpturale du musée existant, la façade qui lui fait face est une simple paroi vitrée qui délimite l'espace du jardin entre les bâtiments.

 

Zumtobel Staff Light Workshop
Oslo, Norvège, 1999

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Pour ce projet d'atelier/showroom, une approche non-conceptuelle a abouti à une pièce de 30 x 30 x 6 mètres, offrant un "espace" pour la lumière doté d'une grande flexibilité d'utilisation. Cet espace est excavé et l'atelier qui en résulte, se substituant à la masse des terres, peut être considéré comme l'interprétation la plus intelligible de la création d'un espace sans construction d'objet. Une verrière courbe, qui est à la fois une sorte de sol soulevé et un revêtement de protection, recouvre l'atelier. Cette grande lucarne assure à cet espace un éclairage principalement vertical et naturel. Il y a cependant, à l'est et à l'ouest, deux longues rampes fines qui descendent dans l'atelier et révèlent, petit à petit, la relation entre les lumières du matin et de l'après-midi et la terre. Le volume de l'espace lui-même est recréé la nuit par un volume de lumière équivalent. Ce rapport négatif/positif se propose comme le dénouement principal de la relation du bâtiment à son contexte et à sa fonction.

 

Karmøy Fishing Museum
Karmøy, Norvège, 1998

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Situé sur la côte rocheuse norvégienne, à l'ouest, sur l'île de Karmøy, le nouveau musée représente la culture régionale séculaire de la mer et de la pêche. Mieux que la re-création d'une simple maison traditionnelle qui proposerait des expositions, le musée adopte une forme plus neutre et sculpturale, délicatement posée comme un point de repère dans le paysage pentu. Tandis qu'il domine quelque peu, dans une position qui exprime son importance institutionnelle, son respect envers le paysage et sa taille font en sorte qu'il n'écrase pas son environnement. Des murs de béton coulés sur place constituent la structure principale et permettent un porte-à-faux de 7 mètres au-dessus du terrain. La technique du tissage d'écrans à l'aide d'un buisson côtier local appelé Einer, est utilisée le long d'un côté de l'édifice. Le béton et l'Einer donnent lieu à une union du passé et du présent, permettant aux surfaces vitrées transparentes d'optimiser la vue et la luminosité. Contrairement à la structure en béton, les murs tissés et vitrés peuvent être retirés, facilitant ainsi l'agrandissement futur du musée.

 

Craig Dykers (1961)
Architecte BS U.T. Austin

Christoph Kapeller (1956)
Architecte MNAL. Dipl. Graz, M.S. UCLA.

Kjetil Thorsen (1958)
Architecte MNAL. Dipl. Graz

1987 — Création de l'Agence à Oslo, Norvège

Principaux projets et réalisations

2000 — "Bibliothèque d'Alexandrie" Egypte (en cours) ; "Hamar Town Hall" Hamar, Norvège (en cours)
1999 — "Zumtobel Staff Light Workshop" Oslo, Norvège (réalisé) ; "Institut de neurobiologie" Marseille, France (lauréat) ; "King Fahad National library" Riyad, Arabie Saoudite (concours) ; "Norwegian Embassy in Berlin" Allemagne (réalisée) ; "Strømme Throndsen Design as" Oslo (rénovation) ; "Uranienborg Terrace" Oslo (rénovation)
1998 — "Karmøy Fishing Museum" Karmøy, Norvège (réalisé) ; "Eidsvoll Building Trades School" Eidsvoll, Norvège (réalisée) ; "Nordvoll School for Autistic Persons" Oslo (réalisée)
1997 — "Kansai-Kan Library" Kansaï-Kan, Japon (2ème prix) ; "Skistua School" Narvik, Norvège (réalisée) ; "Fjaler Media Center" Fjaler, Norvège (réalisé) ; "Telenor Headquarters" Oslo (concours) ; "Three R's Cultural Center" Oslo (concours)
1996 — "Danish National Archive" Copenhague (concours) ; "Sami Congress Hall" Karasjok, Norvège (concours) ; "National Theater Subway Station" Oslo (concours)
1993 — "Lillehammer Olympic Art Museum" Lillehammer, Norvège (réalisé)

Bibliographie sélective de Snøhetta

1995 — Archis n°9 ; Mur n°3
1994 — Techniques et Architectures n°408 ; Garten+Landschaft n°12
1990 — Architectural Review n°1120 ; Skala n°19 ; Byggekunst n°1