Snøhetta
est le nom d'une haute montagne culminant au centre de la Norvège.
Dans les légendes vikings, on raconte qu'elle était
le lieu de repos des âmes des plus valeureux guerriers, la demeure
de "Valhalla". Snøhetta est le nom que Craig Dykers, Christoph
Kapeller et Kjetil T. Thorsen ont choisi pour désigner leur agence
d'architecture , de paysagisme et de design. Une montagne constitue,
pour eux, une forme complexe, tout à la fois paysage, objet quasi
architectural et, dans ce cas précis, puissant support symbolique
; une forme qui synthétise finalement leur approche de l'architecture
: une démarche continue et étendue qui entend, sans clivage
disciplinaire, opérer non pas sur des objets mais sur des environnements,
dans toutes leurs dimensions. Cette démarche repose avant tout
sur une recherche de conjonction entre les différents acteurs de
la construction, et principalement, au sein de l'agence, entre architectes
et paysagistes. Le paysage ne se réduit pas, pour Snøhetta,
au simple tapis de verdure domestiquée auquel on le limite d'habitude.
Snøhetta en développe une définition étendue
et inclusive. Toute chose fait partie et même constitue un paysage.
Le corps lui-même en est une forme. L'architecture entre "naturellement"
dans cette définition. Minimaliste, hyper-contextuelle, l'architecture
de Snøhetta cherche toujours à s'effacer devant les
raisons du site, à servir la lisibilité et la cohérence
de son environnement. Fondée en 1987 à Oslo, l'agence
Snøhetta débute sa pratique par le projet de la nouvelle
Bibliothèque Alexandrine, dont elle remporte le concours. Aujourd'hui,
à l'issue d'un long chantier, le bâtiment s'achève,
clôturant une phase très productive, pour l'équipe
norvégienne, auteur de nombreux projets et réalisations
dans le domaine de l'architecture institutionnelle (musées,
bibliothèques, équipements,
). Cette phase est aussi
celle de l'élaboration et de la maturation d'une méthode
et d'une organisation du travail. L'équipe de Snøhetta
a définitivement rejeté le classique fonctionnement vertical
des agences d'architecture, où celui ou ceux qui imposent
les idées, au sommet de la pyramide, sont les plus éloignés
des réalités et des détails du projet. Cette verticalité,
vecteur de perte de temps et d'efficacité, se retrouve, selon
eux dans la gestion et dans l'utilisation des bâtiments, une
fois réalisés. Snøhetta a radicalement opté
pour une pratique horizontale et transdisciplinaire, recentrée
sur le projet. Pour cela, ils ont, par exemple, mis au point un système
informatique où tous les documents et toutes les données
relatives à un projet sont centralisées dans un fichier
internet unique, un hyper-fichier ("hyperfile"). L'accès à
cet hyper-fichier, universel et commun à tous, oblige à
une organisation horizontale du travail où chaque personne peut
intervenir en direct sur le projet. Jouant le rôle d'une sorte
de journal systématiquement réactualisé et daté,
l'hyper-fichier" suit le projet dans ses évolutions temporelles.
Il permet aussi de ne jamais séparer la réflexion sur la
technique, la construction et les paramètres purement architecturaux.
Cette quête d'efficacité, de souplesse et de professionalisme,
l'équipe de Snøhetta la met au service d'une architecture
sensible, signifiante, presque métaphysique, intégrant les
éléments les plus immatériels et les plus fluctuants
du réel : le temps qui passe, le temps qu'il fait, la lumière,
les saisons, le mouvement.
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