Basé
à Tokyo, Ushida Findlay Partnership est fondé en 1987 par
le japonais Eisaku Ushida, diplômé de l'Université de
Tokyo (1976) et l'écossaise Kathryn Findlay, formée à
l'Architectural Association (1979), tous deux anciens collaborateurs d'Arata
Isozaki (entre 1976 et 1982). Leur architecture se situe au croisement d'une
conception bachelardienne de l'espace, qui en explore les composantes symboliques,
psychanalytiques, voire "psycho-géographiques", et d'une recherche
purement scientifique et géométrique de la forme. Pour Ushida
& Findlay, ce détour par les sciences fondamentales, du côté
de la géométrie du chaos et des mathématiques non-linéaires,
est le moyen d'instaurer une réelle autonomie de l'objet architectural.
Il leur permet également, à travers une architecture, qui
n'est pas sans rappeler les explorations formelles de Frederick Kiesler
("Maison sans fin"), d'Antonio Gaudi, les espaces organiques de Bruce Goff,
les sculptures-habitacles d'André Bloc, ou encore, les cellules de
Haüsermann ou Chanéac dans les années 1960, de proposer
une possible synthèse entre la volonté subjective de libérer
la forme et l'exigence de la fonder objectivement. Architecture, paysage
et sculpture ouvrent ici la voie à de nouvelles formes de spatialité,
traversées par des motifs récurrents tels que l'anneau de
Moëbius, la spirale, modèle de croissance au sein de la nature
qui préserve les analogies internes, tout en rendant indissociables
l'intérieur et l'extérieur. Leurs formes organiques se déroulent
dans un jeu de torsions topologiques qui dynamisent l'espace et stimulent
sa perception multisensorielle (Truss Wall House). Leur architecture est
la projection, sur un espace physique, des désirs psychologiques
de ses habitants (Soft and Hairy House). Elle revendique la continuité
entre le corps et l'espace. Ici conscience spatiale et inconscient ont fusionné
dans un même champ cognitif où interfèrent intuition
et modélisation mathématique. La relation entre le corps comme
espace et la perception mentale de cet espace est au cur de leur architecture.
Ushida & Findlay entendent réactiver cette perception psycho-physique
de l'espace en insufflant à leurs bâtiments des formes dérivées
des mouvements du corps humain. Fluidité, continuité, organicité
et plasticité, réversibilité des espaces, réverbération
entre le conscient et l'inconscient, doivent transformer l'architecture
en matérialisation d'un subconscient, non seulement individué,
mais aussi global, cosmique. Fascinés par "l'espace qui s'écoule"
(Leon van Schaik), les intérieurs de leurs architectures sont appréhendés
comme des "paysages habités", paysages psycho-sensoriels, tout à
la fois tactiles et mentaux, où le mobilier ou la lumière
y sont des composantes plastiques. Pour Ushida & Findlay, tout comme
la surface continue d'une bande, la ville est aussi un paysage, à
savoir une matrice hybride d'implications économiques, agricoles,
industrielles. Tout participe d'un même flux, d'une même continuité
: l'intuitif et le rationnel, le solide et le vide. L'espace architectural
est polyphonique. |

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