Antti Lovag
(1920, né en Hongrie)
s'installe en France vers 1947 après avoir vécu en Turquie, en Finlande, en Suède et participé à la Deuxième Guerre Mondiale.

A partir de 1963, il travaille aux côtés de Jacques Couëlle, l'un des premiers architectes à développer une architecture organique. Vers 1970, il collabore avec Chanéac et Haüsermann à des projets d'habitats évolutifs. En 1969, il élabore à Tourrettes-sur-Loup (Nice) la maquette expérimentale de la maison, aujourd'hui inscrite au Patrimoine des Monuments Historiques. Après la villa personnelle de Pierre Bernard à Port-la-Galère (Théoule-sur-Mer), il commence en 1980 une seconde habitation à l'Esquillon voisin qu'il reprend en 1988 pour l'agrandir en Palais-Bulles pour Pierre Cardin. Se définissant, non comme architecte, mais comme " habitologue ", Antti Lovag défend l'autoconstruction, le jeu " habitalogique " à travers différents assemblages possibles de formes, variant en fonction du site d'implantation et des aspirations de l'habitant. C'est notamment à partir de voiles de béton projeté sur un certain type de ferraillage ou de ciment armé de fibres qu'Antti Lovag développe des espaces sphériques ou cylindriques. Pourfendant l'esthétique, ses réalisations partent des gestes de l'homme dans son espace domestique. " L'architecture ne m'intéresse pas. C'est l'homme, l'espace humain, qui m'intéressent ; créer une enveloppe autour des besoins de l'homme. Je travaille comme un tailleur, je fais des enveloppes sur mesure. Des enveloppes déformables à volonté " (Antti Lovag). Imbrication de portions de sphères, l'espace des habitations d'Antti Lovag procède par " simulation des fonctions et des situations ; on mime les gestes et les déplacements. Ce n'est donc plus le dessin préalable qui mène à la construction, mais la " valeur d'usage " de la maison et du mobilier " (M. Ragon). " Dans une maison-bulle, l'espace intérieur est structuré par le mobilier et les espaces de circulation. La recherche de formes pratiques conduit à l'élimination des angles et à la conception d'espaces centrés favorables à la vie de groupe. L'extérieur est la traduction de l'intérieur. Il n'y a plus de distinction entre murs et toiture. Il s'agit d'une coque qui assure les deux fonctions, en continu. La demi-sphère outrepassée enveloppe, sans enfermer. Les trouées de lumière et de vue nous mettent en position d'observateur protégé et naturellement tourné vers l'extérieur. Les perspectives intérieures non linéaires créent une impression d'ampleur. Comme dans tout espace délimité par des courbes, chaque déplacement entraîne une modification de perspective. Ce qui contribue à créer une impression de variété inépuisable ". Antti Lovag " utilise des " skydômes " pour retrouver la lumière naturelle qui est principalement zénithale et aérer ses bulles au plus près de leur pôle, des oculi abrités extérieurement et situés à hauteur de vue ainsi que des baies panoramiques dont la distanciation, l'échelle et l'ouverture de vue équilibrent sentimentalement la perception du site " (Pierre Roche). (Ch. Roux). Les maisons-bulles d'Antti Lovag visent ainsi " à la juste adaptation et intégration à la nature, analogue à celle d'un être vivant ".