Architecte
bouillonnant et prolifique, Francis Soler fait partie de cette génération
qui a émergé dans l'euphorie des grands concours des années
80. Lauréat du Centre de conférences internationales, quai
Branly, en 1990, il va, à partir de ce projet emblématique
resté inabouti, aborder une phase plus mûre et plus complexe
de son uvre. Ses projets récents, comme le viaduc de Millau,
le Lycée Polyvalent de Nouméa ou la reconversion de la base
de Kéroman, à Lorient, explorent une dimension poétique
de l'architecture, au-delà de ses apories contemporaines. Par-dessus
tout, Soler entend échapper à la double tentation du style
et de la fondation. Selon lui, l'architecture doit rester fictionnelle,
voire onirique, elle doit se faire "aussi légère que
l'image". Cette légèreté ne renvoie pas simplement
à une esthétique mais à la capacité de l'architecture
à se rendre disponible aux aléas humains, aux mutations urbaines,
à la complexité du paysage, aux règles mouvantes du
milieu. "Et s'il n'y a plus de véritables règles",
dit-il, "il devra pourtant subsister un minimum de traces à
suivre, ces traces d'une géographie d'origine." |