----------Le
FRAC Centre propose, sur plus de 1 500 m2, sur le site des Subsistances
militaires, un parcours à travers sa collection. Quelque 200 maquettes
et 400 dessins y seront exposés. L'exposition débute, dans
les années 50, avec l'artiste Constant Nieuwenhuys, auteur de New
Babylon, et le groupe Espace en France, qui explorent une nouvelle forme
de synthèse des arts, associant peinture, sculpture et architecture,
dans le sillage du néo-plasticisme. Dans ce contexte, l'architecte
Claude Parent et l'artiste Nicolas Schöffer réalisent ensemble,
vers 1955, un projet d'habitat spatio-dynamique. Pour Schöffer, "
le but essentiel du spatio-dynamisme est l'intégration constructive
et dynamique de l'espace dans l'uvre plastique ".
----------Architecture-sculpture
Seront présentées des uvres de plusieurs protagonistes
de l'" architecture-sculpture " en France dans les années
60 : sculptures-habitacles d'André Bloc, dont les formes libres
déploient un espace topologique ; projets organiques des Cité
aérienne et Cité spirituelle, de l'église du Carmel
de St-Saulve, construite à Valencienne par Székely ; ou
encore, le projet de maison biologique de l'artiste James Guitet. Au même
moment, des architectes développent des formes biomorphiques et
sculpturales, ainsi Ricardo Porro en France ou Vittorio Giorgini en Italie.
----------Monolithes
En 1968, le tout jeune architecte en chef d'Aéroports de Paris,
Paul Andreu, réalise la construction de l'aérogare de Roissy
I : soulevé par des pilotis, ce " globe " de béton
brut, qui renvoie à la sphère terrestre, est creusé
d'un cratère central qui lui apporte la lumière. Roissy
I, au rythme centripète, est une forme close et monolithique, qui
se ramifie en même temps tout autour à travers sept constructions
satellites. Ce double mouvement de concentration-expansion, unité
et dissémination, détermine une architecture complexe, l'une
des plus marquantes de l'architecture contemporaine.
----------Structures
spatiales
Les recherches sur la morphologie des structures de David Georges Emmerich
le mènent vers 1958 aux assemblages de structures autotendantes.
On retrouve la notion de " grille spatiale " dans cet espace
combinatoire où les éléments de tension et de compression
sont diffusés en continu à travers l'articulation d'éléments
modulaires identiques. Les structures d'Emmerich rendent compte d'un univers
cristallographique invisible, qui se réfère notamment aux
dômes géodésiques de Buckminster Fuller, à
l'étude des radiolaires de Robert Le Ricolais dans les années
1930. À la masse de l'architecture, Emmerich substitue la structure.
Les structures autotendantes d'Emmerich permettent d'engendrer des habitacles
ellipsoïdes, sphériques, nervurés, autostables et déplaçables.
Outre de nombreuses structures autotendantes et de dessins, dans la cour
des Subsistances militaires, sera exposée, une structure de plusieurs
mètres d'envergure, " structure-structure " avait dit
Emmerich, comme il y a de la " peinture-peinture ".
----------Villes
spatiales
Le concept de mobilité est aussi mis en uvre, en France,
par Yona Friedman. À partir de recherches sur les structures spatiales,
il développe un système proliférant qui procède
par interpénétration de strates ou de " nappes ".
En 1956, Friedman expose, pour la première fois, ses théories
au CIAM de Dubrovnik (Xème Congrès International d'Architecture
Moderne) et fonde en 1958 le GEAM (Groupe d'Étude d'Architecture
Mobile) qui propose une mobilité potentielle de l'habitat. Ses
Villes spatiales sont des villes suspendues sur pilotis, qui se répartissent
sur plusieurs niveaux à partir d'une structure tridimensionnelle.
L'habitant déplace librement son habitat à partir de la
trame de cette grille. Les propositions de Friedman seront très
influentes sur le développement de l'architecture métaboliste
au Japon des années 1960/70 (Kurokawa). En Allemagne, Schulze-Fielitz
expérimente à la même époque des villes spatiales
tridimensionnelles, ainsi que Martin Pinchis en France. Giorgini poursuivra
également ces recherches aux États-Unis. La postérité
des Villes spatiales s'étend aux projets récents d'architectes
ainsi ceux de MVRDV aux Pays-Bas.
----------L'architecture-cellule
: Haüsermann - Chanéac
- Antti Lovag
L'exploration de la mobilité en architecture dans les années
60 conduit à la définition d'un nouvel espace, fait de modularité,
de prolifération et d'agglomération de cellules. Matières
plastiques, coque monobloc, vont permettre à la notion d'assemblage
de cellules autonomes et connectées entre elles de se déployer.
Dès les années 1950, en France, les recherches sur les matériaux
plastiques débouchent sur la conception d'unités d'habitations
autonomes. En 1956, un jeune architecte à peine arrivé de
Roumanie, Ionel
Schein, expose à Paris le premier prototype d'une maison en
plastique, détaché du sol comme pour mieux démontrer
sa légèreté, qui connaîtra un succès
phénoménal et une postérité considérable.
La même année, il réalise avec ses Cabines hôtelières
les premiers modules autonomes d'habitat, qui peuvent être transportés
et installés n'importe où. Ce sont ensuite Pascal Haüsermann
et Chanéac qui, en France et en Suisse, à partir de recherches
sur les matériaux plastiques, développeront vers le début
des années 1960 une architecture tout à la fois organique
et modulaire constituée d'agglomération de cellules. Des
prototypes de cellules de Chanéac et d'Haüsermann seront exposés
dans la cour des Subsistances militaires. Le phénomène d'autoconstruction,
que revendiquera Antti Lovag avec l'habitalogie, devient également
la préoccupation de nombreux architectes des années 1960-70.
Ce principe d'évolutivité de l'habitat, de sa mobilité,
de son extrême économie de moyens, développé
à travers des formes organiques, laisse à l'habitant une
liberté d'adaptation dans l'extension ou la combinatoire des cellules
entre elles.
----------Archigram
Cette architecture sans fondation est explorée par Arthur Quarmby
et Archigram en Angleterre, qui développent des cellules proliférantes
qui se " pluggent ", se branchent les unes aux autres, comme
des circuits de distribution de flux. Le FRAC Centre possède, dans
ses collections, deux projets-phare d'Archigram, Instant City (1969) de
Peter Cook et le Living Pod (1966) de David Greene. L'efflorescence du
pop art, qui s'approprie la culture populaire, la nouvelle société
médiatique, l'univers électronique, la découverte
de l'espace, se répercutent dans les projets d'Archigram. L'habitat
devient lui-même un objet, jetable, consommable, éphémère,
déclare ainsi Guy Rottier en France, dans les années 1950,
qui imagine alors des villages en carton à brûler après
usage. Le Living Pod de David Greene est tout à la fois un habitat
mobile, une enveloppe vestimentaire, une capsule aéronautique,
équipée d'un " kit " intégral. Instant
City de Peter Cook est une ville nomade, qui se déplace, élément
par élément, héliportée par des dirigeables
ou des montgolfières. Tout se passe comme si l'intensité
des flux d'informations de la nouvelle société de consommation
s'infiltrait dans la ville. Instant City, la " ville instantanée
", se pose sur une ville existante, où elle crée un
événement qui sera " architecture ". Pour Archigram,
l'architecture doit créer une " situation ". Ville-réseau
ou premier village global, Instant City n'est plus assujettie à
une logique de localisation ; elle est itinérante, et suit les
flux de l'événement et de la circulation de l'information.
Déjà, en 1928, Buckminster Fuller avait imaginé une
ville aérienne. Cette architecture-événement, qui
se donne dans l'instant, pose la question : l'architecture comme objet
construit est-elle encore légitime ? Vers 1968, un groupe new-yorkais,
ONYX, crée ainsi la " mail architecture ", architecture
n'existant que par la voie du courrier.
----------Architecture
gonflable
Cette ville-dirigeable témoigne de l'importance de l'architecture
pneumatique à la cette époque. En mars 1968, a lieu une
exposition historique sur les structures gonflables au Musée d'Art
Moderne de la Ville de Paris. Cette architecture de l'air se revendiquait,
chez Archigram, comme une " non-architecture ". La mobilité
prend des connotations plus sociales et politiques chez le groupe Utopie
(Stinco, Jungmann et Aubert) qui, en 1968, élabore plusieurs projets
d'architecture pneumatique. H.W. Müller développe lui aussi
des projets d'architecture gonflable à partir de structures tridimensionnelles,
tout comme Arthur Quarmby en Angleterre. Entre mobilité et habitat
domestique, Lotiron/Perriand réalisent un projet de Caravane-Fleur
(1967).
----------Architecture
radicale en Autriche : Coop
Himmelblau, Haus-Rucker-Co, Huth
Domenig, Walter Pichler
Les projets des Autrichiens, Haus-Rucker-Co et Coop Himmelblau développent
des architectures qui se " pluggent " elles aussi sur des bâtiments
existants et se donnent comme des environnements psycho-sensoriels. Ici
aussi, le matériau est l'air. Pour Coop Himmelblau, les nuages
sont les symboles d'états rapidement changeants. Ils se forment
et se transforment par le jeu complexe de situations différentes.
L'architecture en tant que développement urbain peut être
comparée à des masses nuageuses. Dans cette période
d'activisme viennois, Coop Himmelblau élabore un projet d'habitat-capsule,
assemblage de cellules gonflables, emblématique de l'architecture
radicale, Villa Rosa. De même, Pneumacosm de Haus-Rucker-Co est
une unité d'habitation gonflable, accrochée à une
structure urbaine verticale, qui fonctionne comme une ampoule électrique.
Dans ces projets, l'architecture se donne comme une enveloppe tout à
la fois pour le corps et pour la ville, qui permet leur " respiration
", leur pulsation commune. La métaphore récurrente
du " casque ", extension prothétique du corps, se retrouve
dans les dessins de Walter Pichler de cette époque. En 1963, l'artiste
Walter Pichler et l'architecte Hans Hollein réalisent à
la galerie Nachst St Stefan à Vienne une exposition historique,
" Architektur ". Pichler y présente son ultime travail
d'architecture, à savoir un projet de Ville compacte, présenté
pour la première fois, depuis cette date, dans l'exposition des
Subsistances.
----------Mégastructures
En 1965, Huth
et Domenig proposent un projet pour la ville de Ragnitz en Autriche,
qui remporte en 1969 le Grand Prix d'Urbanisme et d'Architecture de Cannes,
s'affirmant comme le projet le plus emblématique de " mégastructure
". La ville mégastructure se définit par sa capacité
infinie d'extension, sa modularité, sa liberté de planification
à travers son ossature ouverte. L'espace urbain s'y donne comme
un réseau d'agglomérations, de libre implantation des cellules
d'habitat. L'architecture équivaut à une infrastructure,
préfabriquée industriellement, dans laquelle viennent s'intégrer
les " clusters ", cellules spatiales en matière synthétique,
pour les circulations et les habitations. À l'ossature primaire
urbaine, se greffe la structure secondaire des enveloppes climatiques
de logement.
----------La
Fonction oblique : Architecture-Principe (Claude Parent - Paul Virilio)
La mobilité est aussi celle des habitants. Dans les projets d'Architecture-Principe,
entre 1963 et 1968, le sol se soulève, et le plan oblique génère
une architecture du déplacement. Le principe majeur de la fonction
oblique est celui de la " circulation habitable ", rendue possible
à travers les plans inclinés, le sol artificiel et les systèmes
de rampes. Parent et Virilio parlent alors de " dérivation
" dans les villes obliques. La fracture du plan détermine
la fonction oblique. Dès 1966, année de la construction
de l'église Ste Bernadette du Banlay à Nevers, - monolithe
fracturé en béton brut -, l'architecture se transforme en
" plaques topotoniques " mouvantes dont l'inclinaison incorpore
le déplacement physique de l'habitant. Cette dimension gravitationnelle
de l'espace a, encore aujourd'hui, des répercussions dans le développement
récent des architectures cognitives, espaces artificiels animés
qui interagissent avec l'habitant ou leur environnement (Nox, Oosterhuis,
etc). Avant sa rencontre avec Paul Virilio, Claude Parent avait déjà
exploré la fracture du plan, l'instabilité à travers
le basculement de cubes ainsi qu'à travers ses premiers dessins
de Turbosites et de Villes-cônes. Paul Virilio avait, quant à
lui, déjà mené des recherches sur les bunkers de
l'Atlantique. Tous deux fondèrent ainsi le groupe et la revue "
Architecture-Principe " qui développa la fonction oblique
à partir de la " topologie des surfaces orientées ".
La plupart des dessins et maquettes des projets expérimentaux d'Architecture-Principe
seront exposés.
----------Grilles
et trames urbaines
Des villes tridimensionnelles de Pinchis aux " villes-cratères
" de Chanéac, se dessine une organisation de l'espace à
la quête d'un idéal égalitaire, qui se retrouvera
dans les compositions géométriques complexes de l'espace
chez Jean Renaudie (ville nouvelle du Vaudreuil, 1967-68) ou chez Renée
Gailhoustet. La recherche d'un nouveau langage, à même de
créer de la cohésion dans la diversité, à
travers notamment la prolifération de trames, habitera aussi certains
projets d'Andrault Parat (Lycée d'Orléans-La Source, 1968).
----------Rem
Koolhaas, " New York Délire " : la grille comme inconscient
urbain
Le FRAC Centre possède, entre autres, deux dessins majeurs de "
NYD " : Flagrant Délit et la Ville du Globe captif, véritables
icônes de l'histoire de l'architecture. Ces dessins sont des incursions
narratives et fantasmatiques dans la " congestion urbaine "
de Manhattan, dans le subconscient machinique de la Ville. La grille est,
pour Rem Koolhaas, cet inconscient qui structure la ville. Cette prégnance
de la grille se répercutera dans des projets ultérieurs
de Koolhaas, tel que celui pour La Défense, en 1991, également
exposé.
----------L'architecture
dans son contexte : James
Wines / Gianni Pettena
Le FRAC Centre a, dans ses collections, un projet construit parmi les
plus publiés au monde : Indeterminate Facade de James Wines/SITE,
réalisé à Houston en 1975. Ce bâtiment commercial,
à la façade de briques qui paraît s'effondrer dans
l'espace urbain, suspendu entre construction et démolition, pose
la question du contexte, et introduit, pour la première fois dans
l'architecture, de manière aussi radicale, la notion d'indétermination.
James Wines parlera de ce bâtiment comme d'un " ready-made
assisté ". Pour Wines, c'est le contexte qui fait l'architecture.
De même, pour Gianni Pettena, qui réalise alors des projets
utopiques intitulés Grass Architecture en 1971, l'architecture
naît des soulèvements du sol, de la matérialisation
de son propre contexte. Dans des voies différentes, Wines et Pettena
tenteront de re-naturaliser l'architecture, bien avant la vogue d'une
architecture écologique.
----------Architectures biomorphiques : Ricardo
Porro et Michele Saee
Deux démarches, de deux générations différentes
d'architectes, sont ici confrontées : celle de l'architecture antropomorphique
aux racines symboliques de Ricardo Porro, à travers, entre autres,
les écoles d'art et de danse de La Havane à Cuba, au début
des années 60, aujourd'hui inscrites au Patrimoine mondial par
l'Unesco, et les explorations corporelles de l'architecte californien
Michele Saee qui, depuis les années 90, décompose le corps
en mues, fragments, enveloppes successives qui se détachent telles
les pièces d'un vêtement sur un corps composite et mouvant.
Cette métaphore du corps organique se retrouve aussi chez Hitsuko
Hasagawa (Yamanashi Museum of Fruit).
----------L'image
éclectique
Deux projets emblématiques d'une architecture référentielle
et post-moderne seront exposés : le célèbre Humana
Building (1982-86), construit à Louisville, dans le Kentucky, par
Michel Graves, assemblage éclectique de références
architecturales, et le Teatro del Mondo (1979-81) d'Aldo Rossi, qui flotta
sur la lagune de Venise, au classicisme post-moderne, théâtre
renaissant de mémoire, qui puise ses analogies également
dans l'architecture des phares ou encore dans les architectures de fête
éphémères au 18e siècle.
----------Autour
de la " déconstruction "
En 1988, l'exposition " Deconstructivist Architecture " réunit
au MoMA (Musée d'Art Moderne) à New York, autour du philosophe
français Jacques Derrida, des architectes américains et
européens, parmi lesquels Frank O. Gehry, Rem
Koolhaas, Eric Owen Moss, Peter
Eisenman, Zaha Hadid, Bernard
Tschumi et Daniel
Libeskind, chacun mettant en exergue l'activité théorique
et la dimension conceptuelle du projet. Ainsi, pour Peter Eisenman, il
est plus urgent de penser l'architecture que de la réaliser. Depuis
les années 1960, celui-ci expérimente à travers la
maison son activité théorique. À ce titre, la Guardiola
House (1986/88) ressort d'une architecture " textuelle ", qui
emprunte à la linguistique comme à la psychanalyse. À
partir du décalage de deux cubes qui s'emboîtent l'un dans
l'autre, l'architecture est devenue processuelle et morphogénétique.
En 1982, le projet de l'Open
House de Coop Himmelblau, détache l'architecture de tout programme
puisqu'il est généré par l'inconscient : un dessin
les yeux fermés, telle une écriture automatique, sera le
" psychogramme " du projet, sa matière brute, d'où
émaneront les autres étapes du projet, formalisées
par plusieurs maquettes. Ce projet, qui sera reproduit dans d'innombrables
publications, deviendra emblématique de la déconstruction.
En 1983, Bernard Tschumi met en pratique son approche de la déconstruction
à travers le projet du Parc de la Villette, construit à
Paris. Le parc se donne dans la discontinuité, éclaté
sur une grille qui distribue " points ", " lignes "
et " surfaces ". Le Parc de la Villette est ainsi le premier
parc urbain qui réunit une pluralité de programmes formels
et fonctionnels. Proche des écrits de Derrida, Tschumi met ici
en uvre la dissémination, la contamination, la disjonction,
qui font imploser toute unité préalable. Il recourt à
la technique cinématographique du montage pour déployer
un scénario urbain hétérogène, qui vise à
la collision des fragments entre eux, programmatiques ou spatiaux. L'architecture
est devenue événement.
Le projet pour Berlin, Berlin City Edge (1987) de Daniel Libeskind, architecte
du Musée Juif à Berlin et du nouveau World Trade Center
à New York, est l'un des plus importants projets expérimentaux
de cet architecte, tout à la fois artiste, musicien, mathématicien.
Berlin City Edge est une vaste exégèse de la ville. Multipliant
les références, ce projet se donne comme un palimpseste
urbain qui se déchiffre dans ses sédimentations complexes,
empruntant autant au Talmud qu'à l'histoire de l'architecture ou
à la littérature. Le " texte architectural ",
tel que le nomme Libeskind, englobe tous les textes, toutes les cultures
dans leur diversité et leur universalité. La collection
du FRAC Centre intègre aussi des projets importants de la déconstruction
californienne, principalement de maisons inviduelles (Michele Saee, Morphosis,
Eric Owen Moss).
----------Architectures
en mouvement
Dépassant la déconstruction, et développant une architecture
tout à la fois disruptive et interconnectée, puisant dans
le dynamisme et la tension des éléments, surgissent à
cette époque des projets remarqués de Dagmar Richter, Odile
Decq et Benoît Cornette, ou encore, Enric Miralles.
----------Slow
House
Cette exposition a commencé, en prélude, avec le Guide psychogéographique
(1956) de Guy E. Debord, qui morcelle l'unité de la carte pour
y substituer des " unités d'ambiance " urbaine, un déplacement
subjectif du piéton qui recompose lui-même l'espace urbain.
Ici c'est l'itinéraire qui forme la carte. Ce collage de fragments
d'un plan de Paris, vu à vol d'oiseau, expose des morceaux de carte
découpée reliés par des flèches indiquant
des déplacements. À l'ordre conventionnel imposé
par la carte, et à son acte implicite de possession du territoire,
se substituent des chemins erratiques, des atmosphères, des désordres
subjectifs.L'exposition aux Subsistances militaires se terminera par le
projet de la Slow House (1991) de Diller+Scofidio, qui est également
la première acquisition de la collection Architecture du FRAC Centre.
La Slow House ne s'inspire pas d'un objet, mais d'images plurielles, en
particulier celles du film tourné à la Villa Malaparte à
Capri par Jean-Luc Godard dans Le Mépris, dont elle a adopté
la décélération, depuis sa porte-façade jusqu'à
sa fenêtre-écran de projection, ouvrant sur l'océan.
Toute forme d'habiter est ici impossible, l'occupant est investi du statut
de " visiteur ", puisque la maison, de par son mouvement potentiel,
empêche que l'on s'y arrête ; en dépit de son flux
apparemment linéaire, son scénario est sans début
ni fin, ou plutôt, la fin peut se retourner en début, et
inversement. Tout n'est ici que mouvement et déambulation.Coop
Himmelblau déclara : " Si nous pensons exclusivement en termes
architecturaux, le résultat ne sera que de l'architecture ".
L'architecture n'est plus seulement du bâti, elle est aussi une
trajectoire conceptuelle, la confrontation de concepts issus de champs
disciplinaires hétérogènes qui la dispensent de toute
unification formelle, et l'ouvrent à son devenir.
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