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Collection du FRAC Centre----------Musée des Beaux-Arts d'Orléans, Place Sainte-Croix Orléans

Superstudio - Archizoom - UFO - Gianni Pettena - Franco Raggi - Andrea Branzi

 

Cette exposition monographique des architectes Günther Domenig (1934) et Eilfried Huth (1930), travaillant à Graz en Autriche, présente, pour la première fois, un ensemble unique de dessins, maquettes et installations de projets historiques dans le contexte européen de l'architecture radicale de la fin des années 60 (l'architecture gonflable avec Trigon ; la mégastructure Ragnitz ; l'installation environnementale Medium Total ; les explorations biomorphiques de Floraskin). En 1968, l'architecte et critique, Günther Feuerstein, présente à Vienne " Urban Fiction " qui réunit les démarches les plus novatrices de cette époque. Huth et Domenig explorent alors les potentialités de l'architecture pneumatique, tout comme Coop Himmelblau et Haus-Rucker-Co en Autriche. Ils réalisent dans ce contexte un premier bâtiment d'exposition gonflable pour la manifestation Trigon à Graz en 1967. Dans les expérimentations spatiales de Huth et Domenig, l'architecture prend la forme d'un organisme vivant et biologique, en perpétuelle mutation (Floraskin) ou s'étend en cellules " proliférantes " à travers les mégastructures (Ragnitz).

En 1965, ils réalisent avec Ragnitz un projet majeur dans l'histoire de l'architecture contemporaine, reconnu en tant que tel par le critique anglais Reyner Banham dans son ouvrage sur les mégastructures, publié en 1976. Ils remportent en effet, en 1969, le concours d'Urbanisme et d'Architecture à Cannes avec ce projet de mégastructure pour la ville de Ragnitz, devant un jury composé notamment de Louis Kahn et de Robert Le Ricolais. Par sa complexité, son ampleur, sa radicalité, Ragnitz s'affirme comme l'un des projets les plus aboutis de mégastructure, après les Villes spatiales de Yona Friedman dès 1958 et avant des réalisations telles que le Centre Pompidou à Paris de Piano & Rogers, dans les années 70. La ville mégastructure se définit par sa capacité infinie d'extension, sa modularité, sa liberté de planification à travers son ossature ouverte. L'espace urbain devient un réseau d'agglomérations, de libre implantation des cellules d'habitat. L'architecture équivaut à une infrastructure, préfabriquée industriellement, dans laquelle viennent s'intégrer les " clusters ", cellules spatiales en matière synthétique, pour les circulations et les habitations. À l'ossature primaire urbaine, se greffe la structure secondaire des enveloppes climatiques de logement. Dans cet " habitat urbain industrialisé ", l'architecture fournit un " approvisionnement sensoriel et biologique ".
Dans Medium Total (1969-70), qu'ils qualifient de " projet utopique ", l'architecture se transforme en organisme biologique mutant, corps tout à la fois rétractile et ductile, selon les conditions de son environnement. Medium Total est un paysage urbain innervé, captant les énergies vitalistes de son environnement, " un médium qui s'auto-entretiendrait, se régénèrerait et s'adapterait " (Huth Domenig). Cette installation fut montrée pour la première fois à la galerie Nächst St. Stefan à Vienne en 1970, avant d'être " réactivée " lors de cette exposition organisée par le FRAC Centre au Musée des Beaux-Arts d'Orléans. Domenig et Huth exploitèrent dans Medium Total l'idée d'une enveloppe biologique, qui se retrouvera dans d'autres de leurs projets, et qui inspirera par la suite toute une conception évolutive de l'architecture au sein de son environnement.Floraskin (1971), avec Christo et Haus-Rucker-Co, est un projet pour un lieu de villégiature au Maroc, à partir d'une structure métallique hexagonale sur laquelle vient se greffer une enveloppe végétale climatique. Cette gaine végétale artificielle et climatisée avec des plantations irriguées devait transformer les bâtiments en une structure organique et verdoyante. Peau végétale, Floraskin est une membrane qui peut s'adapter à toutes les formes de paysage. La démarche expérimentale de Huth et Domenig acte ainsi une mutation décisive, caractéristique de l'architecture radicale de cette époque : l'architecture devient un champ cognitif, sensoriel ; elle quitte son statut figé d'objet pour se transfigurer en environnement.

 

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