Diego Barajas (1975)
Colombie
 

 

 

À partir du phénomène de la diaspora des habitants du Cap Vert à Rotterdam, le projet Dispersion analyse les phénomènes migratoires à travers le monde. Ou comment les immigrants maintiennent leur identité au sein d’une ville à la culture mondialisée. Ainsi le belhuis, centre d’appel téléphonique discount, rend compte du paradoxe de cette attitude de re-territorialisation, entre décor typique et mise en réseau.

Diego Barajas obtient son diplôme d’architecte à l’Universidad de Los Andes de Bogotà, en Colombie en 1999. Il poursuit son cursus au Berlage Institute où il obtient, en 2002, un master sous la direction de Bart Lootsma : Dispersion: A Study of Global Mobility and the Dynamics of a Fictionnal Urbanism. En 2003, il publie Dispersion une recherche sur la mobilité et les territoires en dissémination. Diego Barajas est membre de SUR (Space for Urban Research), un pôle de recherches autour de l’urbanisme dans les pays du Sud.

Dispersion

Fondant son travail sur l’analyse des phénomènes migratoires conduisant à la dispersion des populations et à leur re-territorialisation, Diego Barajas développe dans ce projet une double réflexion. Dans un premier temps, il s’attache à repérer les implications urbaines relatives à la diaspora originaire du Cap Vert, notamment à Rotterdam, dont le port constitue l’une des destinations privilégiées. Exemple emblématique d'une communauté se dispersant à travers le monde (USA, Portugal, Angola, France, Pays-Bas), la nation cap-verdienne se “ re-territorialise ” selon de nouvelles configurations économiques et spatiales, à la fois locales et mondiales. Cependant, l’expansion actuelle de la mobilité ne va pas de pair avec l’effacement des identités, leur intégration et leur absorption dans une société dominante, bien au contraire : le maintien d’un territoire, lui-même pluri-identitaire (le Cap Vert regroupe neuf îles distinctes), donne lieu à des installations bien spécifiées dans la ville, réitération du modèle éclaté de l’archipel. Ainsi, des micro-environnements composés salons de beauté, centres religieux ou culturels, agences de voyages, banques, lieux consacrés au Cabo-Love,… créent-ils une multitude d’ " îles " d’échelles variables. Mais, reliés à la globalité urbaine par des infrastructures abstraites (les systèmes de télécommunication) et physiques (les boutiques), ces fragments dans la ville, bien loin de constituer des entités marginales, créent en réalité un nouveau territoire de cohésion. C’est également ce qui transparaît, en second lieu, dans l’analyse du rôle des belhuis, ces centres d’appels téléphoniques que l’on trouve en particulier à Rotterdam et depuis lesquels les membres des communautés immigrées peuvent appeler leur pays. Diego Barajas montre comment le belhuis opère en véritable dispositif d’immersion rompant avec la ville par son décor typique d’une part et par les services de liaison proposés entre les territoires dispersés d’autre part. Interface active entre " ici " et " là-bas ", le belhuis instaure ainsi des liaisons sociales nouvelles, redéfinit l’idée du collectif et active en une intrication complexe un triple territoire : architectural et physique, virtuel et infra-structurel, imaginaire enfin.