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À partir du phénomène de
la diaspora des habitants du Cap Vert à Rotterdam, le projet Dispersion
analyse les phénomènes migratoires à travers le monde.
Ou comment les immigrants maintiennent leur identité au sein d’une
ville à la culture mondialisée. Ainsi le belhuis, centre
d’appel téléphonique discount, rend compte du paradoxe
de cette attitude de re-territorialisation, entre décor typique
et mise en réseau.
Diego Barajas obtient son diplôme d’architecte à l’Universidad
de Los Andes de Bogotà, en Colombie en 1999. Il poursuit son cursus
au Berlage Institute où il obtient, en 2002, un master sous la
direction de Bart Lootsma : Dispersion: A Study of Global Mobility and
the Dynamics of a Fictionnal Urbanism. En 2003, il publie Dispersion une
recherche sur la mobilité et les territoires en dissémination.
Diego Barajas est membre de SUR (Space for Urban Research), un pôle
de recherches autour de l’urbanisme dans les pays du Sud.
Dispersion
Fondant son travail sur l’analyse des phénomènes
migratoires conduisant à la dispersion des populations et à
leur re-territorialisation, Diego Barajas développe dans ce projet
une double réflexion. Dans un premier temps, il s’attache
à repérer les implications urbaines relatives à la
diaspora originaire du Cap Vert, notamment à Rotterdam, dont le
port constitue l’une des destinations privilégiées.
Exemple emblématique d'une communauté se dispersant à
travers le monde (USA, Portugal, Angola, France, Pays-Bas), la nation
cap-verdienne se “ re-territorialise ” selon de nouvelles
configurations économiques et spatiales, à la fois locales
et mondiales. Cependant, l’expansion actuelle de la mobilité
ne va pas de pair avec l’effacement des identités, leur intégration
et leur absorption dans une société dominante, bien au contraire
: le maintien d’un territoire, lui-même pluri-identitaire
(le Cap Vert regroupe neuf îles distinctes), donne lieu à
des installations bien spécifiées dans la ville, réitération
du modèle éclaté de l’archipel. Ainsi, des
micro-environnements composés salons de beauté, centres
religieux ou culturels, agences de voyages, banques, lieux consacrés
au Cabo-Love,… créent-ils une multitude d’ " îles
" d’échelles variables. Mais, reliés à
la globalité urbaine par des infrastructures abstraites (les systèmes
de télécommunication) et physiques (les boutiques), ces
fragments dans la ville, bien loin de constituer des entités marginales,
créent en réalité un nouveau territoire de cohésion.
C’est également ce qui transparaît, en second lieu,
dans l’analyse du rôle des belhuis, ces centres d’appels
téléphoniques que l’on trouve en particulier à
Rotterdam et depuis lesquels les membres des communautés immigrées
peuvent appeler leur pays. Diego Barajas montre comment le belhuis opère
en véritable dispositif d’immersion rompant avec la ville
par son décor typique d’une part et par les services de liaison
proposés entre les territoires dispersés d’autre part.
Interface active entre " ici " et " là-bas ",
le belhuis instaure ainsi des liaisons sociales nouvelles, redéfinit
l’idée du collectif et active en une intrication complexe
un triple territoire : architectural et physique, virtuel et infra-structurel,
imaginaire enfin. |