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Cet autodidacte néerlandais propose l’expérience
de dérives urbaines pour les transposer ensuite dans un système
algorithmique numérique qui consigne les données factuelles
liées au site comme les interprétations subjectives du lieu.
Il entend ainsi à sa manière " construire " un
lieu virtuel grâce aux potentialités de l’univers numérique
afin d’aboutir à un " urbanisme pour soi ".
Wilfried Hou Je Bek quitte l’école à l’âge
de 16 ans pour devenir écrivain et squatteur. Sous le nom de "socialfiction.org",
il organise un grand nombre de parcours psychogéographiques dans
le monde entier. Actuellement, il est en train de mettre au point un petit
fascicule de psychogéographie qui permettra à chacun d’enregistrer
et de partager ses expériences de l’espace urbain. Parmi
ses commandes récentes, il faut citer : son travail pour la ville
de Dordrecht, Psy Geo Conflux (New York), le festival PixelACHE (Helsinki),
RAM5 (Riga), Urban Festival (Zagreb) et Urban Drift (Berlin). En 2004,
Wilfried Hou Je Bek a remporté le prix Transmediale Software Art
pour walk, un projet futuriste d’espace ouvert qui transforme les
villes en ordinateurs.
Horace Walpole (1717-1797) fut l’un des précurseurs de
la psychogéographie par l’invention du terme “sérenpidité“
-qui désigne le fait de trouver quelque chose d’utile par
hasard, en cherchant autre chose-pratique qu’il a poursuivie tout
au long de son existence. Cette tension vers la découverte se concrétisera
dans la construction d’un château de style gothique (Strawberry
Hill, près de Windsor, Londres) destiné à susciter
de nouvelles sensations et surprises chez le visiteur. L’aspect
du château n’était jamais figé, toujours en
transformation, embelli par des monuments, sectionné par des passages
et tunnels secrets qui en découvraient de nouvelles perspectives.
Par son imagination Walpole racontera des histoires et des fables mystérieuses,
dictées par l’atmosphère enchantée du lieu,
qu’il rassemblera dans le livre Château d’Otrante. Si,
dans l’esprit romantique de Walpole, la construction du château
n’est rien d’autre que la possibilité d’imaginer
des histoires, Wilfried Hou Je Bek arrive, quant à lui, à
construire des lieux sans les limites de la matière, grâce
aux potentialités de l’univers informatique : un "urbanisme
à soi même", libre des contraintes du réel et
totalement abandonné aux principes délirants de la psychogéographie.
Le logiciel Psychogeographical Markup Language (PML) permet de constituer
un mapping singulier, d’ajouter des lieux inventés, de créer
et conserver les histoires de chacun ainsi que de partager cette bibliothèque
de données. L’expérience surréelle de la dérive
est transposée dans un système algorithmique numérique
qui ouvre les portes à de nouvelles dimensions virtuelles. Les
anciennes fantaisies romantiques redeviennent actuelles.
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