|
Friedrich von Borries (1974), Matthias Böttger
(1974)
Ici les sacs à carreaux, utilisés par les immigrants,
forment autant d’abris nomades, et questionnent la notion de trans-identité,
d’identités passagères et interchangeables, au sein
d’un monde secoué par les vagues de la mondialisation.
Friedrich von Borries et Matthias Böttger fondent raumaktik en 2003.
" raumtaktik (spacial-tactic) est une agence berlinoise spécialisée
dans la recherche urbaine contemporaine et les interventions tactiques
dans un espace urbain à la fois mental et construit. Marquant la
fin de la planification en tant que discipline stratégique, l’espace
ne peut être dorénavant formé que par une attitude
tactique. raumtaktik substitue les idéologies au profit d’une
approche pragmatique. raumtaktik ne travaille pas selon des statégies
mais selon des tactiques. raumtaktik est radicalement opportuniste. "Architectes
sans attitudes", raumatik tente de comprendre et de porter atteinte
aux processus globaux contemporains et vise à développer
de nouvelles méthodes d’intervention dans l’environnement
vivant. " (raumtaktik, 2004)
matchmaker matchmaker
matchmaker matchmaker engage une réflexion à la fois sur
la façon dont les migrations modifient les identités (celle
des objets, des individus) et sur les images spatiales résultant
de cette identité transformée, que raumtaktik nomme "trans-identité".
Installation multimédia fondée au départ sur la scénographie
de la comédie musicale Un violon sur le toit, le projet présente
de petites maisons lumineuses surélevées dont l’enveloppe
reprend les motifs des sacs d’immigrants et de réfugiés,
ces sacs/valises à carreaux, solides, bon marché, repérables
dans le monde entier et contenant l’entière fortune de ces
gens. Modèles conceptuels de maison itinérante sans fondation
que l’on peut transporter partout grâce à ses sangles
et dans lesquelles on peut insérer n’importe quels "
produits " (souvenirs, traditions, mythes …) grâce à
ses fermetures éclair, ces sacs incarnent notre monde où
l’extrême mobilité des biens a rendu toute identité
transitoire, interchangeable, kaléidoscopique, idée d’ailleurs
transposable à toutes les échelles, depuis l’objet
jusqu’à la ville et l’individu. Vecteurs de ces changements
d’identité, les sacs sont ainsi des agents de la mondialisation,
des représentants de commerce qui se superposent à un monde
par nature hétérogène. À l’origine symboles
de déracinement et de misère, ils accèdent désormais
au statut symbolique d’accessoires de mode abritant les rêves
et les ordinateurs de riches traders sillonnant le monde. Distribués
sur www.selosack.de selon diverses déclinaisons, les sacs à
linge de matchmaker matchmaker emblématisent l’approche de
Matthias Böttger et Max Schumacher qui se définissent en effet
comme tacticiens de l’espace (et non planificateurs). Les événements
qu’ils produisent visent à exacerber les processus socio-économiques
et socio-psychologiques mouvants d’un monde aux frontières
aujourd’hui indéterminées.
|