PHAT
Nathaniel Belcher
Stephen Slaughter
David Mesfin
Adam Wheeler

USA
 

 

 

Ces architectes proposent un penthouse au luxe tapageur, inspiré de la culture Hip-Hop en plein Harlem qui, de bastion de l’Amérique noire, est devenu un nouveau territoire pour les classes aisées. Ce " fabuleux ghetto " témoigne de cette mutation d’identité.

Le projet The Ghetto Fabulous mené par PHAT est présenté au Studio Museum de New York en début d’année 2004. L’exposition, intitulée Harlemworld : Metropolis as Metaphor, se concentre sur le quartier de Harlem et sur son évolution en invitant plus d’une douzaine d’architectes afro-américains à présenter leur projet à travers des supports visuels comme la photographie, la vidéo ou des installations PHAT a précédemment proposé un projet pour le concours du Korean Museum of Art.

Harlem : the Ghetto Fabulous

Présenté à New York en 2004 dans le cadre d’une exposition intitulée Harlemworld : Metropolis as Metaphor, le projet conceptuel de PHAT propose, dans un vidéo-clip spectaculaire inspiré de la culture Hip-Hop, un penthouse au luxe tapageur. Doté d’une piscine, d’un jardin et de très vastes espaces intérieurs affichant, pour certains, les cours de la bourse, il occupe la totalité du sommet d’un building de Harlem. Oxymore, le titre du projet nous place au cœur d’un paradoxe : bastion de l’Amérique noire, du Funk, du Rap et du Hip-Hop, quartier dont la concentration en logements sociaux est la plus dense des États-Unis, zone qui exprime l’injustice d’une ségrégation socio-géographique depuis les années 1930, Harlem s’est radicalement transformé dans les années 1970 sous la pression de promoteurs immobiliers qui ont contribué à la " gentrification " et aux rénovations urbaines, favorisant de la sorte le retour de classes sociales aisées qui avaient déserté le quartier dans le passé. Ainsi, ce " fabuleux ghetto " désigne avec force la mutation complexe de l’identité même de Harlem, en proie, comme nombre de mégalopoles, aux franchises internationales. Plaqué sur fond de paysage urbain jonché d’immeubles édifiés par la classe blanche dans le cadre d’un contrat social civique, ce luxueux, ce " fabuleux " club ne fait qu’exacerber, non sans ironie, la mutation radicale de ce quartier puisque nombre de ses nouveaux riches (rappeurs entre autres) sont précisément issus de ce ghetto. Hétérotopie, contre-emplacement, le Ghetto Fabulous rend criante la fragmentation de la ville. Le projet de PHAT procède en effet d’une stratégie de la collision et de la discontinuité : le privé se mesure ici à l’échelle de la ville, le déploiement indécent des surfaces du penthouse contredit la compacité du quartier, l’ostentatoire artificialité dénonce la pauvreté architecturale et humaine de l’habitat, le " fabuleux " s’y définit désormais comme nouvelle identité.